Grande puissance européenne par son économie et son influence diplomatique, la République fédérale allemande (Bundesrepublik Deutschland) est aussi une grande démocratie que plus de soixante années de république démontrent.

La République fédérale allemande est d’abord un régime parlementaire organisée autour de plusieurs piliers qui composent son équilibre institutionnel : le Bundestag, véritable assemblée fédérale législative ; le Bundesrat, assemblée fédérale représentative des Länder ; la Cour constitutionnelle fédérale, protectrice des droits et libertés fondamentaux ; le président fédéral au rôle unificateur symbolique et le Chancelier, véritable tête de l’exécutif. Ce dernier est si important qu’on a pu parler, à la suite de l’expression inventée par Konrad Adenauer, de « démocratie du chancelier » (Kanzlerdemokratie). Cette expression peut apparaître surprenante et mérite quelques éclaircissements.

L’analyse de ce sujet permet aussi de revenir sur une interrogation récurrente dans d’autres régimes parlementaires et notamment en France. De nombreux auteurs ont ainsi mis en avant les bienfaits d’un régime primo-ministériel qui donnerait au Premier ministre un poids comparable à celui que connaît le Chancelier. Il aurait le mérite de rééquilibrer les rapports de pouvoir entre le président de la République et le Premier ministre au profit de ce dernier. Toutefois cela ne permettrait pas de limiter les effets du fait majoritaire. Dès lors, il convient de revenir sur le modèle allemand et de se demander si l’équilibre des pouvoirs est satisfaisant. En effet, si l’Allemagne est une démocratie parlementaire forte, ce système s’accommode-t-il d’une présence aussi importante d’un chef de gouvernement ? Dans ces conditions, ce sont les mécanismes institutionnels poussant à une démocratie du chancelier qu’il convient d’analyser à travers la grande stabilité institutionnelle caractéristique du régime et gage d’un parlementarisme rationalisé bien réel (I). Mais, il faudra aussi rendre compte des limites que connaît la démocratie du chancelier (II).

  • I - Une stabilité institutionnelle favorable au Chancelier
    • A - Le système électoral, base de la démocratie parlementaire
    • B - La Constitution fédérale, gage de la démocratie du Chancelier
  • II - Les limites à la démocratie du Chancelier
    • A - Le fédéralisme, un frein à la démocratie du Chancelier
    • B - Les contre-pouvoirs sociologiques ou médiatiques

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