L’État est le sujet central du droit international public. Étudier l’État suppose de s’interroger sur ses caractéristiques essentielles et son statut juridique. Ce chapitre aborde également des questions plus spécifiques tels que la reconnaissance, la responsabilité internationale et les limites de la souveraineté étatique face aux obligations internationales. Comprendre ces notions est essentiel pour analyser les relations entre États et l’évolution du droit international.
Selon l’article 38 du Statut de la Cour internationale de justice la mission de la Cour est de « régler conformément au droit international les différends qui lui sont soumis ». Cet article souligne l’importance de la notion de différend en droit international puisque c’est sa caractérisation qui permet à la Cour de se déclarer compétente pour statuer sur un litige entre États.
En 1957, le lancement du satellite Spoutnik 1 marquait une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité : celle de la conquête spatiale. À l’instar de la haute mer qui, depuis des siècles, échappe à toute souveraineté étatique exclusive, l’espace extra-atmosphérique pose aux juristes internationaux des défis inédits : comment encadrer juridiquement des espaces qui, par nature, sont inappropriables, et pourtant convoités pour leurs ressources et leur potentiel stratégique ?
Comme le précise l’article 1er du Projet d’articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite « Tout fait internationalement illicite de l’Etat engage sa responsabilité internationale ». Cet article permet de souligner que l’autonomie de l’État en droit international, qui découle du principe de souveraineté, n’est pas sans limites, notamment lorsque le comportement d’un État est susceptible de causer un préjudice à un autre sujet de droit international.
La souveraineté étatique est, selon la formule de Cour internationale de justice dans l’affaire Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats-Unis d’Amérique) de 1986, un « principe fondamental […] sur lequel repose tout le droit international ». Cette citation illustre la centralité du concept de souveraineté dans l’ordre international contemporain.
Dans son article à l’AFDI La reconnaissance internationale : déclin ou
renouveau ?, le professeur Joe Verhoeven écrivait : « Ce n’est pas
affirmer que la reconnaissance crée l’État, ce qu’elle ne fait pas plus
que l’adoption crée l’enfant à adopter ». Par cette analogie, il
illustre la position majoritaire en droit international contemporain :
la reconnaissance ne fait que constater une réalité préexistante.
Pourtant, celle-ci joue un rôle déterminant dans la capacité d’un État à
exister pleinement au sein de la société internationale. Cette formule
met ainsi en lumière la dualité de la reconnaissance, à la fois
dépourvue d’effet constitutif formel, mais pourtant essentielle dans
l’effectivité du statut étatique.
Dans son Avis n°1 rendu le 29 novembre 1991, à propos de l’éclatement de la Yougoslavie, la Commission d’arbitrage de la Conférence européenne pour la paix soulignait que « l’existence ou la disparition de l’État est une question de fait ». Cette affirmation rappelle que, malgré l’apparente abstraction juridique du concept d’État, celui-ci demeure fondamentalement ancré dans la réalité politique et sociale. En droit international, un État ne naît pas par une simple déclaration : il doit se manifester concrètement par la réunion de critères observables, sans lesquels il ne peut prétendre au statut de sujet de droit.
« La Vème République est dotée d’une Constitution moniste, il est coutume de dire, avec primauté du droit interne. » Par cette formule, le Professeur Baptiste Bonnet met en lumière dans son article Les rapports entre droit constitutionnel et droit de l’Union européenne, de l’art de l’accommodement raisonnable (Conseil constitutionnel, Publications, Titre VII, N°2, Avril 2019) une tension fondamentale au sein de l’ordre juridique français : si la Constitution de 1958 semble consacrer une vision moniste du rapport entre le droit international et le droit interne, elle n’en maintient pas moins la primauté de la norme constitutionnelle, reflet de la souveraineté nationale. Cette tension invite à s’interroger sur la réalité du monisme français, au-delà des apparences textuelles.